Tests génétiques préimplantatoires et FIV : tout ce qu’il faut savoir

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13 Avr 2025
Vue agrandie d’un blastocyste humain au microscope, stade avancé du développement embryonnaire avant le transfert dans l’utérus.

Un outil précieux

Les tests génétiques préimplantatoires, ou diagnostic génétique préimplantatoire (DPI), représentent des outils précieux dans le cadre de la fécondation in vitro (FIV). Ils permettent d’analyser les embryons afin de détecter d’éventuelles anomalies chromosomiques ou génétiques avant leur transfert dans l’utérus.

Certaines de ces anomalies peuvent entraîner des échecs d’implantation, des fausses couches, ou être à l’origine de maladies comme la trisomie 21 ou la mucoviscidose.

Le recours à ces tests n’est pas systématique. En revanche, il peut s’avérer particulièrement utile dans des situations bien précises.

Dans cet article, nous vous proposons une présentation claire et accessible des tests génétiques préimplantatoires. En quoi consistent-ils ? Comment se déroulent-ils ? À qui s’adressent-ils ? Quels sont leurs bénéfices ? Combien coûtent-ils ? Quelles questions soulèvent-ils le plus souvent ?

Tests génétiques préimplantatoires : c’est quoi exactement ?

Les tests génétiques préimplantatoires permettent aux biologistes de détecter d’éventuelles anomalies chromosomiques et/ou génétiques dans les embryons issus d’une fécondation in vitro (FIV).

Chromosomes embryonnaires : comment ça marche ?

Un embryon se forme lorsqu’un spermatozoïde féconde un ovocyte dans la trompe de Fallope. Il descend ensuite vers l’utérus, où il s’implante dans la muqueuse utérine.

Un embryon sain possède 46 chromosomes : 23 hérités du spermatozoïde et 23 de l’ovocyte. Ces chromosomes renferment l’ensemble du matériel génétique indispensable au bon développement de l’enfant.

Comme l’explique le Dr Vladimiro Silva, directeur scientifique chez Ferticentro :

 

« Il arrive que, lors de la fécondation, un embryon présente un nombre anormal de chromosomes – trop, pas assez, ou endommagés. »

 

Dans certains cas, l’embryon peut également être porteur d’une maladie génétique héréditaire ou présenter des anomalies structurelles des chromosomes.

Ces situations peuvent entraîner :

« Les tests génétiques préimplantatoires permettent de détecter ces anomalies avant même le transfert embryonnaire », précise le Dr Silva.

Image d’un caryotype humain montrant une trisomie 21, avec trois copies du chromosome 21 mises en évidence, caractéristique du syndrome de Down.

 

Les différents types de tests génétiques préimplantatoires

Parmi les différentes formes de tests génétiques préimplantatoires, le test PGT-A est le plus courant et le plus largement utilisé. Mais en réalité, il existe trois types bien distincts de tests génétiques réalisés sur les embryons. Voyons en quoi ils consistent.

Test génétique préimplantatoire pour les aneuploïdies (PGT-A)

Le PGT-A permet de détecter des anomalies dans le nombre de chromosomes présents dans les embryons. Ces anomalies sont généralement liées à l’âge maternel et deviennent plus fréquentes chez les femmes de plus de 35 ans.

Pourquoi un embryon peut-il présenter un nombre anormal de chromosomes ?

Erreurs lors de la formation des gamètes (ovocytes ou spermatozoïdes) :

    • Ovocytes et spermatozoïdes sont produits via un processus appelé méiose, qui se déroule dans les ovaires et les testicules.
    • Au cours de la méiose, les cellules se divisent et ne conservent que 23 chromosomes
    • Lors de la fécondation, ces gamètes s’unissent pour former un embryon contenant 46 chromosomes.
    • Mais si la méiose est perturbée, un ovocyte ou un spermatozoïde peut présenter un nombre incorrect de chromosomes.

Erreurs au moment de la fécondation :

Des anomalies peuvent survenir lors de la fusion des gamètes, provoquant une mauvaise répartition des chromosomes dans l’embryon (aneuploïdies)

Erreurs durant les premières divisions embryonnaires

  • Après la fécondation, l’embryon commence à se diviser en plusieurs cellules.
  • Des erreurs à ce stade peuvent entraîner un nombre variable de chromosomes d’une cellule à l’autre.

Dans certains cas, on parle alors de mosaïcisme, c’est-à-dire que certaines cellules sont normales, tandis que d’autres sont altérées.

Quelles pathologies peuvent résulter d’anomalies chromosomiques ?

Trisomies (présence d’un chromosome en trop) :

Monosomies (absence d’un chromosome) :

  • Syndrome de Turner (Monosomie X) : survient chez les filles lorsqu’il manque un chromosome X. Il peut entraîner une petite taille, une infertilité, ainsi que d’autres troubles physiques et développementaux.

Anomalies des chromosomes sexuels :

  • Syndrome de Klinefelter (syndrome XXY) : les garçons porteurs de ce syndrome présentent un chromosome X supplémentaire. Cela peut entraîner une infertilité, un taux de testostérone plus faible, ainsi que des troubles de l’apprentissage.
  • Trisomie X (syndrome triple X) : chez les filles, la présence d’un chromosome X en trop est parfois associée à une grande taille et, dans certains cas, à des difficultés d’apprentissage.
  • Syndrome XYY (syndrome 47) : ce syndrome se caractérise par la présence d’un chromosome Y supplémentaire chez les garçons. Il peut entraîner une taille plus élevée que la moyenne et, dans certains cas, de légères difficultés d’apprentissage.

Mosaïcisme

  • Il s’agit d’un cas où certaines cellules de l’embryon ont un nombre normal de chromosomes, et d’autres non. Les effets dépendent des cellules concernées et des chromosomes impliqués.

Conséquences sur la grossesse :

  • Fausses couches : de nombreux embryons porteurs d’anomalies chromosomiques ne parviennent pas à se développer, ce qui conduit à une perte de grossesse précoce.
  • Échecs de FIV : les embryons présentant ce type d’anomalies échouent fréquemment à s’implanter dans l’utérus ou cessent de se développer après implantation.

Anomalies chromosomiques structurelles :

  • Des translocations, délétions, inversions ou duplications de segments chromosomiques peuvent également compromettre la viabilité embryonnaire, entraînant des fausses couches ou des malformations congénitales.

À qui s’adresse le PGT-A ?

  1. Femmes en âge maternel avancé
  • À partir de 35 ans, le risque de produire des ovocytes présentant des anomalies chromosomiques (aneuploïdies) augmente.
  • Le test PGT-A permet d’identifier les embryons au caryotype normal, ce qui réduit le risque de fausse couche ou d’échec d’implantation.
  1. Couples ayant des antécédents de fausses couches à répétition
  • Ces fausses couches sont souvent liées à des anomalies chromosomiques.
  • Le PGT-A permet de repérer les embryons chromosomiquement normaux à transférer, diminuant ainsi le risque de nouvelle fausse couche.
  1. Couples ayant connu plusieurs échecs de FIV
  • Les anomalies chromosomiques sont l’une des causes les plus fréquentes d’échec d’implantation après une FIV.
  • Le PGT-A permet de sélectionner les embryons les plus viables, augmentant ainsi les chances de réussite de l’implantation.
  1. Couples confrontés à une infertilité inexpliquée
  • Dans certains cas d’infertilité sans cause apparente, des anomalies chromosomiques embryonnaires peuvent être en cause.
  • Le PGT-A peut fournir des informations précieuses sur la qualité des embryons et améliorer les chances d’obtenir une grossesse.

Le test PGT-A contribue ainsi à augmenter les chances de grossesse évolutive et à réduire le risque de complications.

Test génétique préimplantatoire pour les maladies monogéniques (PGT-M)

Également appelé diagnostic génétique préimplantatoire (DPI), le PGT-M est un test réalisé dans le cadre d’un parcours de FIV afin de détecter une maladie génétique spécifique liée à une mutation sur un seul gène.

Un gène est une séquence d’ADN située sur un chromosome. Il contient les instructions nécessaires à la fabrication de protéines ou à la régulation de certaines fonctions biologiques.

Le PGT-M permet d’identifier les embryons qui ne sont pas porteurs de la mutation responsable de la maladie héréditaire, afin que seuls les embryons sains soient transférés dans l’utérus.

Quand recourir au PGT-M ?

Le PGT-M est recommandé dans les situations suivantes :

  1. Les parents sont porteurs d’une maladie génétique :
    Lorsque l’un ou les deux parents sont porteurs d’une mutation génétique à l’origine d’une maladie monogénique, le PGT-M permet de réduire le risque de transmission à l’enfant.
  2. Présence d’antécédents familiaux :
    Si une maladie génétique est connue dans la famille, le PGT-M permet de dépister cette pathologie chez les embryons.
  3. Un enfant déjà atteint :
    Le test peut aider les couples à éviter qu’un second enfant soit atteint de la même maladie.
  4. Prévention de la transmission d’une maladie dominante ou récessive :
    Le PGT-M est particulièrement utile lorsque les deux parents sont porteurs d’une mutation récessive, ou lorsque l’un des deux présente une mutation dominante susceptible d’être transmise à la descendance.

Exemples de maladies monogéniques détectables par le PGT-M

  1. Maladies autosomiques récessives (pour qu’un enfant soit atteint, les deux parents doivent être porteurs de la mutation) :
  1. Maladies autosomiques dominantes (un seul parent porteur suffit à transmettre la maladie) :
  1. Maladies liées au chromosome X (généralement transmises par la mère, elles touchent souvent les garçons) :

Pourquoi parle-t-on de maladies monogéniques ?

On parle de maladies monogéniques lorsqu’elles sont provoquées par une mutation située sur un seul gène. Le test PGT-M est spécifiquement conçu pour détecter ce type de mutation, ce qui permet d’écarter les embryons porteurs avant leur transfert dans l’utérus.

Ce test contribue à réduire le risque de transmission de maladies graves, à aider les parents à concevoir un enfant non atteint, et à favoriser une grossesse en bonne santé.

Test génétique préimplantatoire pour anomalies chromosomiques structurelles (PGT-SR)

Le test PGT-SR est un examen réalisé lors d’un cycle de FIV pour détecter des anomalies structurelles des chromosomes, telles que des segments manquants, dupliqués, échangés ou inversés. Il permet d’identifier les embryons présentant une structure chromosomique normale, ce qui améliore les chances de grossesse et réduit le risque de fausse couche ou de pathologies génétiques.

Qu’est-ce qu’une anomalie chromosomique structurelle ?

Il s’agit d’un remaniement dans la structure physique d’un ou plusieurs chromosomes. Ces anomalies peuvent prendre différentes formes :

  1. Translocation
  • Équilibrée : échange de segments entre deux chromosomes, sans perte ni gain de matériel génétique. Elle passe souvent inaperçue chez le parent, mais peut entraîner des risques importants pour l’embryon.
  • Déséquilibrée : présence d’un excès ou d’un déficit de matériel génétique, pouvant provoquer des troubles graves du développement.
  1. Délétion

Perte d’un fragment de chromosome, pouvant entraîner une perturbation de certaines fonctions biologiques.

  1. Duplication

Présence en double d’un segment chromosomique, pouvant entraîner une surexpression de certains gènes.

  1. Inversion

Un segment de chromosome est retourné sur lui-même. Cette anomalie est souvent sans conséquence pour l’individu porteur, mais elle peut compliquer la reproduction et entraîner des anomalies chez les descendants.

  1. Insertion

Intégration d’un fragment de chromosome à un autre emplacement, pouvant perturber l’équilibre génétique.

À qui s’adresse le PGT-SR ?

Ce type de diagnostic est particulièrement indiqué chez les personnes porteuses d’anomalies structurelles chromosomiques connues, telles que des translocations équilibrées, des duplications ou des inversions.

Que permet-il de prévenir ?

  1. Des complications pendant la grossesse
  • Fausses couches à répétition
  • Échecs d’implantation lors d’une FIV
  1. Des troubles génétiques chez l’enfant
  • Liés à des remaniements chromosomiques déséquilibrés, comme certaines monosomies ou trisomies partielles
  1. Des malformations ou des retards du développement
  • Certaines anomalies peuvent entraîner des atteintes physiques ou intellectuelles

Pourquoi les tests génétiques préimplantatoires sont-ils importants ?

Ils permettent d’identifier, avant le transfert, les anomalies génétiques ou chromosomiques qui pourraient compromettre le bon déroulement d’une grossesse.

Les anomalies chromosomiques, comme les aneuploïdies, figurent parmi les principales causes de fausses couches et d’échec des cycles de FIV.

En détectant ces anomalies de manière précoce, les médecins peuvent éviter le transfert d’embryons non viables, ce qui permet de gagner du temps, de préserver les ressources médicales et biologiques, et d’épargner aux patientes une charge émotionnelle considérable.

Femme enceinte en fin de grossesse regardant une image d’échographie, posant la main sur son ventre arrondi.

Tests génétiques préimplantatoires : comment ça marche ?

Le protocole est sensiblement identique, qu’il s’agisse du PGT-A, du PGT-M ou du PGT-SR :

  • Création des embryons : les ovocytes et les spermatozoïdes sont fécondés en laboratoire, dans le cadre d’un cycle de FIV.
  • Biopsie embryonnaire : au cinquième ou sixième jour de développement (stade blastocyste), quelques cellules sont prélevées sur la couche externe de l’embryon, appelée trophectoderme. L’embryon est ensuite vitrifié (congelé de manière ultra-rapide) dans l’attente des résultats, généralement disponibles sous 4 à 6 semaines.
  • Analyse génétique :
    • PGT-A : dépistage des anomalies du nombre de chromosomes (aneuploïdies).
    • PGT-M : recherche de mutations responsables de maladies monogéniques héréditaires.
    • PGT-SR : détection des réarrangements structurels des chromosomes (translocations, inversions…).
  • Transfert embryonnaire : seuls les embryons jugés sains ou indemnes des anomalies recherchées sont sélectionnés pour le transfert dans l’utérus.

Cette procédure est sans danger pour l’embryon et permet de maximiser les chances d’obtenir une grossesse évolutive.

Comment se déroule la biopsie embryonnaire ?

Le spécialiste utilise un instrument de précision pour prélever quelques cellules issues du trophectoderme, la couche externe de l’embryon, destinée à former le placenta (et non le fœtus). Cette technique est maîtrisée et sécurisée : elle n’altère pas le développement de l’embryon et n’impacte pas sa capacité à s’implanter ou à évoluer normalement.

Les débats autour des tests génétiques préimplantatoires

Le test préimplantatoire pour les aneuploïdies (PGT-A) fait l’objet de discussions au sein de la communauté médicale spécialisée en reproduction.

Alors que les autres tests génétiques préimplantatoires (comme le PGT-M et le PGT-SR) sont bien établis et encadrés, certains professionnels s’inquiètent de l’usage parfois excessif ou systématique du PGT-A, notamment lorsqu’il est proposé à des patientes sans explication claire de ses limites.

S’il s’agit d’un outil puissant pour repérer les anomalies chromosomiques, il n’est pas nécessairement pertinent pour tous les patients. Dans certains pays, comme les États-Unis, le PGT-A est parfois recommandé de manière quasi systématique, même en l’absence d’indication médicale.

Pour autant, il peut être particulièrement utile chez les femmes de plus de 37 ans, chez qui le risque d’anomalie chromosomique est significativement plus élevé. En dehors de ce contexte, son bénéfice reste à évaluer au cas par cas.

Le test génétique préimplantatoire pour les aneuploïdies (PGT-A) peut être particulièrement bénéfique dans certaines situations spécifiques :

  • Femmes de plus de 37 ans, le risque d’anomalies chromosomiques augmentant avec l’âge (au-delà de 40 ans, plus de 50 % des embryons peuvent présenter des anomalies chromosomiques)
  • Femmes ayant subi plusieurs fausses couches
  • Couples ayant connu plusieurs échecs de fécondation in vitro (FIV)
  • Couples porteurs d’anomalies génétiques ou chromosomiques connues

En revanche, si vous êtes plus jeune, sans antécédents particuliers ni facteur de risque identifié, le recours au PGT-A n’est pas toujours nécessaire.

Les limites du PGT-A

Bien qu’utile dans de nombreuses situations, le test PGT-A présente certaines limites qu’il est important de connaître :

  • Il ne garantit pas une grossesse ni la naissance d’un enfant en bonne santé : Il améliore les chances de succès, mais ne peut en aucun cas offrir une certitude.
  • Il n’est pas pertinent pour toutes les patientes : Son intérêt est plus limité chez les femmes jeunes sans antécédents particuliers.
  • Son champ d’action reste ciblé : Il permet uniquement de détecter les anomalies du nombre de chromosomes, mais pas toutes les maladies génétiques.
  • Il n’améliore pas la qualité biologique des embryons : Le test ne modifie pas les caractéristiques d’un embryon. Un embryon porteur d’une anomalie reste porteur, et un embryon sain reste identique. En revanche, le PGT-A aide à orienter les décisions médicales en permettant de sélectionner les embryons ayant le plus fort potentiel d’implantation.

Tests génétiques préimplantatoires : les questions à poser à votre médecin

  • Ce type de test est-il pertinent dans ma situation personnelle ?
  • Quelles sont mes chances de réussite en fonction de mon âge et de mon parcours ?
  • Quels sont les risques ou les limites de ce test ?
  • Quel impact ce test aura-t-il sur le déroulement de mon protocole de FIV ?
  • Que se passe-t-il si aucun embryon n’est jugé transférable ?
  • Que deviennent les embryons non sélectionnés ?

Pour conclure

Les tests génétiques préimplantatoires représentent une avancée importante pour de nombreux patients engagés dans un parcours de FIV. Ils permettent de détecter certaines anomalies chromosomiques ou génétiques avant le transfert d’embryon, et ainsi d’optimiser les chances d’obtenir une grossesse viable et de donner naissance à un enfant en bonne santé.

Cependant, ils ne s’adressent pas à tous les patients : leur intérêt varie en fonction de l’âge, des antécédents et du contexte médical. Leur utilité est surtout reconnue chez les femmes de plus de 37 ans, les couples ayant connu des fausses couches à répétition, des échecs de FIV, ou porteurs d’une maladie génétique identifiée.

Prendre le temps de bien comprendre comment fonctionnent ces tests, en discuter avec son médecin et poser les bonnes questions, permet de faire un choix éclairé, en adéquation avec son projet parental.